Les jeudis


Quand tous les autres avaient droit 

A « mets l'couvert! et tiens droit! »
« Te re-sers pas, c'est impoli ! »
« Et débarrasse, tu s'ras gentil! »
« Écoute quand te dit ta grand-mère,
Qu'on t'éduque chez les militaires »
et « si t'as pas d'emploi mon fils,
Passe donc l'examen de police ! »

Et bien nous, dimanche à midi,
Dormions ( douillet ! ) dans notre lit.
Notre habitude était athée
Ptet' un souvenir d'écolier.
Bien plus qu'un simple rendez-vous,
Tout le monde savait que chez nous
Tacitement, tous les jeudis,
On s'retrouvait tous à midi.

Refrain :

Pas besoin d'être endimanché
Pour déjeuner à place violet
En pleine forme ou endormis
On se rendait chez la grand-mère
Et chaque fois, pendant l'dessert
On s'allongeait sur son tapis ! 



Trop tard pour décommander,
Ils m'attendaient pour commencer
Bien qu'au lever je n'euss' pas faim,
Fallait faire plaisir à chacun.
J'quittais mes roses rêveries
Au moins pour une heure et demie
Mais une fois le repas fini,
Par terre, je finissais ma nuit.

À peine arrivé dans l'entrée
On pouvait les entendre crier :
La mère, la tante ou bien mon frère
Mais au grand jamais la grand-mère
La table avait ses imprévus
On y comptait souvent les brus
C'n'était pas extraordinaire
D'entendre les jeudis cet air.

Refrain

Certains diront que de leur temps
On se conduisait autrement,
On n'se serait jamais permis
de s'écrouler sur un tapis.
« T'es mal fagoté ! » disait t-elle
« De quoi t'as l'air dans cette tenue ?! »
« Ça fait mauvais genre ces bretelles ! »
« Tu sors donc comme ça dans la rue ?! »

Ces remarques, c'n'était pas méchant,
On écoutait en souriant.
Ces attentions faisaient parti
Aussi du jeu dit du jeudi .
De toutes manières, tout l'monde avait
Que'qu' chose à « redire le jeudi »
Mon frère et moi on s'en foutait
Puisque l'dessert, c'était l'tapis !

Refrain

En emportant ses yeux bleuis,
Un triste jour, elle est allée
Grommeler loin de nos cris
Laissant un rendez-vous manqué.
Ça devait sûrement la barber
Ce trente-sixième dîner où l'on
Criait, elle a du préférer
S'asseoir et ronfler pour de bon.

Depuis rien n'a vraiment changé
On n's'est pas pris à travailler
Faut dire qu'on avait prit le pli
À force de s'endormir ici.
On ne manque pas un seul jeudi
C'est un peu comme un jour férié
Une dérobade pour un café
Un faux-fuyant pour un tapis


Envoi

Mais maintenant quand on est fatigué,
Qu'on tente de s'écrouler sur un tapis
Il y a toujours quelqu'un pour crier
Tu te crois où ? On n'est pas chez mamie!

... ... ...


Vivement la semaine des quatr' jeudis !


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